KLEIST (H. von)

KLEIST (H. von)
KLEIST (H. von)

Esprit tourmenté et violent, affligé d’une santé fragile, qui le jeta plus d’une fois dans la pire détresse, apparemment hanté sans cesse de difficultés sexuelles, Heinrich von Kleist mena la vie la plus heurtée qui se peut imaginer. Frustré de satisfactions sentimentales, maladroit dans l’action, il ne trouva que dans la création littéraire l’aliment dont sa fiévreuse ambition avait besoin. Mais, dans ce domaine aussi, il usa de malchance. Goethe, qui détestait l’art intempérant de Kleist, lui ferma beaucoup de portes. Jamais Kleist ne put voir représenter sur la scène aucune des pièces qu’il écrivit. La postérité, elle aussi, mit longtemps à le retrouver: il fallut attendre les années 1920 du XXe siècle et les temps de l’expressionnisme pour qu’on découvrit enfin son génie. Mais, depuis cette époque, on n’a plus guère cessé de voir en lui un des plus grands tragiques – le plus grand peut-être – des lettres allemandes. Deux de ses pièces au moins – Le Prince de Hombourg et Penthésilée – ont acquis en France droit de cité; le cinéma a fait connaître La Marquise d’O. L’avenir rendra peut-être bientôt justice au reste de son œuvre.

Une existence errante

Kleist n’a pas encore onze ans quand meurt son père, capitaine de l’armée prussienne. Dans cette famille de grande aristocratie, son avenir est marqué d’avance: aussitôt après sa confirmation, à quinze ans, il entre comme caporal dans le régiment de la garde. Sa mère meurt à son tour quelques mois plus tard. On est alors en 1792: c’est le début de la guerre contre la France révolutionnaire. Kleist est envoyé sur le Rhin; il est présent lors de quelques escarmouches, et participe au siège de Mayence. Mais la carrière militaire n’est pas de son goût: il appelle de ses vœux le retour de la paix pour emplir le temps, écrit-il, par des «actions plus philanthropiques». Le ciel l’exauce: la paix de Bâle le renvoie en Brandebourg. Et bientôt il demande son congé. Le lieutenant von Kleist l’obtient en 1799; on lui laisse entendre qu’il ne tardera pas à recevoir un emploi civil en échange. Élevé jusqu’alors par des précepteurs, il entre à vingt-deux ans et pour trois semestres à l’université de Francfort-sur-l’Oder, sa ville natale. Il y étudie les mathématiques, la physique, le droit naturel.

En 1800, Kleist se fiance à une jeune fille de l’aristocratie, Wilhelmine von Zenge. Installé pour quelque temps à Berlin, il échange avec elle une abondante correspondance. Lui qui hésitera toujours sur la conduite de son existence exige de sa fiancée qu’elle lui envoie son propre «plan de vie». Il attend d’elle, écrit-il, une confiance absolue, une fidélité aveugle. Il se conduit vis-à-vis d’elle en pédagogue et en tyran. Au cours de l’été 1800 – il est fiancé depuis six mois environ –, Kleist part en voyage sous un nom d’emprunt en compagnie d’un ami. Le terme du périple est Würzburg; le 9 septembre, il vit, dit-il, le «moment le plus important de sa vie». Il écrit deux jours plus tard à Wilhelmine: «Ô chérie de mon cœur, oh! si je pouvais te dire combien je suis heureux. Mais je n’en ai pas le droit. Sois heureuse, toi aussi. Mais brisons-là. Bientôt, bientôt, tu en sauras davantage.» Pourquoi tant de mystère? Selon toute apparence, Kleist s’est soumis à l’hôpital de Würzburg à une opération destinée à lui permettre une vie sexuelle normale. Il revient à Berlin, où il est reçu par la famille royale. À la fin de 1800, on lui propose un emploi civil; mais une carrière administrative n’est pas ce qui lui convient.

Vers le début de 1801 – Kleist a vingt-quatre ans – se produit ce qu’on a dénommé sa «crise kantienne». En lisant Kant, il lui semble que le philosophe émet des doutes sur la validité de la connaissance. C’était bien mal le comprendre. Toujours est-il que, pour Kleist, l’étude, dont il voulait faire le contenu de sa vie, ne peut plus le satisfaire. Commence alors une période rousseauiste: lui pour qui le sentiment ne sera bientôt plus que le lieu de toutes les méprises et de tous les aveuglements croit un moment que les certitudes que la raison refuse ne peuvent être trouvées qu’à l’intérieur de la vie sentimentale.

Toujours à la recherche de lui-même, Kleist passe toute l’année 1801 à voyager. Il assiste en particulier à Paris, le 14 juillet, aux fêtes qui célèbrent la paix de Lunéville. À la fin de l’année, il arrive en Suisse, où il va enfin répondre à sa vocation et se mettre à écrire.

La violence du tragique

Kleist, si embarrassé de lui-même, avait composé à vingt ans un Traité sur le sûr chemin pour trouver le bonheur . Depuis lors, les projets ont mûri. C’est dans une retraite paisible près du lac de Thoune qu’il écrit son premier drame, La Famille Ghonorez , plus tard rebaptisé Famille Schroffenstein . Comme dans un nouveau Roméo et Juliette , on assiste à d’impossibles amours conçues au milieu de la lutte que se livrent deux familles ennemies entre lesquelles les crimes s’accumulent depuis des générations. Kleist multiplie l’horreur, la pousse même aux confins du grotesque (un jour, pris de fou rire, il dut s’interrompre tandis qu’il lisait sa pièce à des amis). À la fin, quand le désastre est consommé, on découvre trop tard que tout le drame provenait d’une méprise: le petit doigt d’un enfant, jadis envoyé dans une lettre et dont on avait mal compris l’origine.

D’autres œuvres commençaient dans le même temps à prendre forme: Robert Guiscard d’abord, le drame du chef normand anéanti par la peste au moment où il s’apprêtait à entrer dans Jérusalem. Il ne demeure de ce projet qu’un éclatant premier acte; tout le reste, à quoi Kleist avait travaillé plus d’un an durant, allait être jeté au feu. Le vieux Wieland, à qui Kleist avait rendu visite quelques mois auparavant, devait lui écrire, en apprenant la destruction du chef-d’œuvre ébauché: «Vous pouviez difficilement m’apprendre un malheur qui m’aurait plus douloureusement touché [...]. Rien n’est impossible à la Muse sacrée qui vous inspire. Il faut que vous terminiez votre Guiscard , quand même le Caucase entier et l’Atlas pèseraient sur vos épaules.» Car C. M. Wieland voyait Kleist destiné à tenir sur la scène allemande une place que lui seul pouvait occuper, celle de réinventeur du tragique, que selon lui ni Goethe ni Schiller n’avaient su réaliser.

Si Guiscard ne fut jamais terminé, c’est pour l’essentiel au cours de ce séjour en Suisse que fut écrit La Cruche cassée : simple pochade à l’origine, issue d’un pari entre amis, mais aussi une des principales comédies du répertoire allemand. La pièce ne doit rien ni à la tradition classique de Plaute et de Molière ni aux procédés de la commedia dell’arte . C’est une farce paysanne, au long de laquelle un juge de village, prévaricateur et libidineux, est peu à peu démasqué au cours du procès qu’il est chargé d’instruire. Mais le juge se nomme Adam et la jeune fille qu’il voulait sournoisement corrompre se prénomme Ève: c’est, sur le mode bouffon, le procès de l’humanité que l’on instruit; la femme y est pure et victime, l’homme tortueux et pervers. À la fin de la pièce, le juge Adam s’en va en boîtant à travers la campagne: on découvre alors qu’il était le diable en personne. On croit presque, à travers la bouffonnerie, entendre un accent d’auto-accusation. Kleist rompt en tout cas avec Wilhelmine, la fiancée déjà à demi-oubliée qu’il n’avait manifestement jamais aimée.

Cependant, la production littéraire s’est tarie et avec elle s’est achevée la période de relatif apaisement. Après divers voyages, on retrouve Kleist à Saint-Omer. Lui qui comptera bientôt parmi les adversaires les plus passionnés de Napoléon cherche à gagner le camp de Boulogne et à s’engager dans les troupes françaises, moins pour s’éprouver dans l’action que dans l’espoir de trouver la mort au combat. Un officier français s’émeut de son état et le fait reconduire à Paris. On le découvre pendant l’hiver 1803-1804 à Mayence, entre les mains d’un médecin. Il s’ouvre alors dans sa vie une période confuse: est-il resté en convalescence à Mayence, émergeant avec peine de la prostration? ou bien fut-il en rapport avec les milieux français pour quelque mission clandestine? On n’a pas encore démêlé tous les mystères dont la vie de Kleist est entourée.

En 1804 et en 1805, il est à nouveau en quête d’un emploi dans l’administration civile, mais, au fond de lui-même, il ne redoute rien tant qu’un établissement de cette espèce. Malgré sa santé, toujours médiocre, il travaille à ses comédies et à ses drames. En 1806, cependant, l’armée prussienne est vaincue à Iéna. Quelques mois plus tard, à la fin de janvier 1807, Kleist est trouvé cheminant derrière les lignes françaises. Espionnage? On en discutera sans doute encore longtemps; l’hypothèse en tout cas n’est pas à rejeter. Kleist est arrêté, il passe six mois dans les prisons françaises, d’abord au fort de Joux, puis à Châlons-sur-Marne.

C’est pendant ces mois de captivité que paraît en Allemagne son Amphitryon . Il s’agit d’une adaptation de la pièce de Molière, mais la vieille légende prend ici un sens tout nouveau. Kleist imagine, en effet, le motif supplémentaire de deux broches qu’Alcmène reçoit en cadeau: l’une porte l’initiale d’Amphitryon, l’autre celle de Jupiter. La «faute» est donc irrécusable, «objectivement» prouvée par l’existence des deux bijoux. La comédie n’en est pas moins un hymne à la fidélité féminine. Dans les bras de Jupiter, c’est Amphitryon encore qu’Alcmène a aimé; sa conscience est pure comme était celle d’Ève dans La Cruche cassée . Son amour est sans faille. On a voulu quelquefois entendre des accents mystiques dans cette rencontre d’Alcmène avec le Dieu suprême, mais la pièce dit en réalité tout le contraire. Contre la vertu de l’épouse, la ruse, fût-elle celle d’un Dieu, ne peut rien. La seule dupe de l’histoire est Jupiter, le seul absolu dans ce monde vacillant est la fidélité de la femme.

La paix de Tilsit, cependant, rend Kleist à la liberté en juillet 1807. Il s’installe à Dresde et se remet à écrire. C’est le temps de Penthésilée et des premiers récits en prose. Le peuple des Amazones est marqué par un traumatisme héréditaire: ravagé jadis par des hordes d’Éthiopiens, qui tuèrent tous les hommes et violèrent les femmes, il proscrit désormais tout ce qui ressemble à de l’amour. Pour perpétuer leur race, les Amazones n’ont le droit de s’unir qu’au guerrier qu’elles auront réduit à leur merci au combat. La reine Penthésilée viole cependant la loi de son peuple: elle s’éprend de son ennemi. Elle choisit Achille à la fois pour le vaincre et pour l’aimer. Entre l’amour et l’orgueil s’institue un jeu cruel et confus; Achille et Penthésilée se cherchent et se fuient. L’un et l’autre partagent la même passion, et ne se heurtent à aucun autre obstacle qu’à eux-mêmes. La tragédie est réduite au schéma à la fois le plus simple et le plus insoluble: l’ambiguïté et les contradictions de l’amour. Achille, pour plaire à l’Amazone, feint de se laisser vaincre et accepte les liens de roses dans lesquels Penthésilée le tient prisonnier. Mais, quand celle-ci découvre la ruse, l’amour cède à la haine; elle lance ses chiens sur Achille, se jette sur son cadavre et le mord à pleines dents. À la fin, accablée par son crime, devenue intouchable, «sacrée», il suffit à Penthésilée de rentrer en elle-même pour y trouver la mort, sans même le secours d’un poignard. Brutale à l’image des mœurs barbares qu’elle représente, cette tragédie est difficile à porter sur la scène, tout opposée au goût «classique» de Weimar, mais d’une puissance sans égale. Après Penthésilée vient Catherine de Heilbronn : à une Antiquité légendaire succède un Moyen Âge conventionnel, avec tribunaux secrets et châteaux-forts, à la farouche Amazone répond maintenant la petite Catherine, frêle et fidèle, qui, accusée de sorcellerie, refuse de renier son amour envers l’homme qui la tourmente. Mais les deux drames ne s’opposent qu’en apparence: on y trouve le même excès, le même spectacle d’un monde vicié. Kleist a usé au moins par deux fois de l’image de l’arc: chacune des pierres qui le composent veut tomber vers le sol, c’est seulement de la conjonction de ces chutes que naît un équilibre précaire; c’est de l’union des faiblesses et des fautes qu’est fait le monde où nous vivons. Un monde où tous les élans sont déviés, où l’amour ne peut s’exprimer que par la haine, un monde de méchanceté, où chacun se méprend sur chacun: un couple d’amoureux, qui vient d’échapper par miracle à un tremblement de terre, périt victime de l’aveuglement religieux, qui le rend responsable du désastre (Le Tremblement de terre du Chili ); au milieu de la révolte de Toussaint Louverture, un Blanc, menacé par la haine des Noirs fanatiques, pousse à la mort la femme qui s’emploie à le sauver (Les Fiançailles de Saint-Domingue ); un instant de folie, au milieu du combat, pousse un gentilhomme, au demeurant le plus délicat des êtres et le plus raffiné, à déshonorer la femme qu’il aime (La Marquise d’O. ); la passion du droit entraîne le plus loyal et le plus intègre à mettre l’Allemagne à feu et à sang et à devenir un criminel d’État (Michael Kohlhaas ). Quelle que soit l’affabulation, souvent tortueuse, de ses récits et de ses pièces, Kleist peint toujours le même monde de malentendu et de désordre, qui rend dérisoires toute règle de morale, toute organisation, toute loi: seuls règnent la méfiance, la haine, le combat. S’il ne parle jamais en son nom, c’est bien Kleist qui est présent au milieu de tous les tumultes, c’est son propre désordre qui anime ce chaos. Dans ce monde sans transcendance, où l’homme est coupable et malfaisant quoi qu’il fasse, seule l’utopie d’une confiance et d’une fidélité sans limites, venant de la femme, peut tenir lieu de foi. Si Kleist idéalise ainsi l’image de la femme, ce n’est que pour mieux exprimer sa propre méfiance et sans doute son incapacité à aimer (il existe des lettres de lui où s’expriment presque avec naïveté les arrière-plans homosexuels de son psychisme). Il faudrait, pour équilibrer tant de doute et de désespoir, un tel dévouement que l’écrivain est d’avance assuré de ne jamais le trouver.

L’individu face à l’État

À Dresde, cependant, puis à Berlin, Kleist essaie de lancer différentes revues, les unes littéraires, les autres d’inspiration nationaliste et farouchement hostiles à Napoléon et à la France. À la veille du retour de l’Autriche dans la coalition, il écrit La Bataille d’Arminius , une pièce qui transcrit sans ambages la situation politique du moment: c’est une explosion de haine et de violence, dont l’excès finit par basculer dans le grotesque et dans l’odieux; Kleist y fait l’éloge de la traîtrise la plus vulgaire: en face d’un ennemi détesté, aucune arme n’est à rejeter; pour en finir avec Napoléon, il faut le duper comme Arminius autrefois a dupé les Romains de Varus.

L’événement cependant ne répond pas à l’attente de Kleist: les Autrichiens sont battus à Wagram, les troupes françaises entrent à Vienne. Les revues de Kleist échouent l’une après l’autre; les difficultés d’argent se multiplient. Kleist écrit encore son dernier drame, devenu la plus populaire de ses œuvres, Le Prince de Hombourg . On croit y percevoir un premier tournant dans la pensée de Kleist et comme un essai de conciliation. Le prince de Hombourg, perdu dans son rêve intérieur, a remporté la bataille de Fehrbellin en ne tenant pas compte des ordres qu’il a reçus; il a triomphé, mais il est coupable – et la loi prussienne ne peut l’absoudre. Devant sa mort prochaine, le héros cependant prend peur; il est prêt à toutes les supplications et à toutes les lâchetés. Jusqu’au moment où il se reprend, où il comprend sa faute et la nécessité de la loi et où il se soumet. Après cette conversion, l’Électeur peut enfin lui accorder le pardon. Pour la première fois, Kleist paraît émerger de l’anarchisme qui avait jusqu’alors inspiré son œuvre; l’introverti aux prises avec ses démons semble enfin reconnaître l’existence d’un monde en dehors de lui et l’obligation de se soumettre à ses exigences.

Mais ce devait être la dernière œuvre de Kleist: c’est en juin 1811 qu’il met le point final au manuscrit du Prince de Hombourg ; six mois plus tard, il se donne la mort. Les dernières semaines de sa vie avaient été comme toujours ravagées par le souci et le désespoir. Il fait la connaissance d’une jeune femme, Henriette Vogel, atteinte d’un cancer inguérissable. Ils formèrent le projet de mourir ensemble. Dans une lettre exaltée, Kleist célèbre avec délices cette mort prochaine. Le 21 novembre 1811, au bord du Wannsee, près de Berlin, il tue Henriette Vogel d’un coup de pistolet, puis retourne l’arme contre lui.

La carrière de Kleist l’avait conduit dans le voisinage des milieux les plus conservateurs: Adam Müller, Savigny, Rühle von Lilienstern. Il avait fréquenté également de près quelques-uns des romantiques les plus notables de sa génération: Arnim, Brentano, Wilhelm Grimm. On aurait tort cependant de tirer de cette proximité des conclusions hâtives. Le hasard de l’histoire et le désir aussi de s’engager dans l’action l’avaient poussé de ce côté-là; mais Kleist n’était pas un esprit politique. De même, on chercherait vainement dans son œuvre l’écho des thèmes romantiques. Il fut un génie singulier, mal fait pour écouter les leçons d’une école, peu apte à s’agréger à aucune société. Comme Hölderlin, comme Jean Paul, il reste à l’écart des grands mouvements de son temps, employé à approfondir son drame incurable.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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